Après l'escapade

J'ouvrais difficilement les yeux, collés par la fatigue. Je grognais dans ma barbe, et me redressa en frottant mon visage engourdi. Merde je me suis endormie... j'étais tellement calme et apaisée que je suis tombée comme une mouche. Je levais les yeux vers l'horloge et  remarqua qu'il était 7:00. J'ai dormis que 3 heures... je suis encore crevée... avec un peu de chance je pourrai peut être me rendormir qui sait.
Après m'être renfoncée dans ma couette, je comptais me laisser emporter par le sommeil quand j'entendais des bruits bizarre qui n'étaient pas les ronflements du chien. Surprise, je tournais la tête vers le mur et utilisais ma vision en infra-rouge pour inspecter l'appartement. Non... personne... c'est quoi alors ce bordel ?

Après une hésitation je me relevais, sentant les courants d'airs glacés sur mon corps nue m'arrachant quelques frissons. J'attrapais la chemise de Reyes que j'avais mis tout à l'heure, la boutonna négligemment, en enfilant au passage une culotte et sortis pour me balader dans les pièces. Je suivais le bruit et me retrouva devant la porte de la chambre de Reyes. Après une hésitation j'entrais, et malgré la pénombre je remarquais grâce à ma vue, qu'il gigotait beaucoup en disant des choses incompréhensible.

Intriguée je m'approchais de lui et remarqua qu'il semblait réellement souffrir comme si on le torturait. Il fait un cauchemar ? Merde... suis je censée le réveiller ?

J'hésitais un moment, puis finalement, m'asseyais au bord de son lit immense, et plaqua mes mains de chaque coté de sa tête pour me pencher vers lui, les sourcils froncés. Lentement je posais ma main sur son front collant à cause du D&D, et dégagea les mèches de cheveux de son visage. Je me penchais un peu plus et murmura doucement, essayant d'être rassurante, comme une maman face à son fils. Contre toute attente, cela marcha et il sembla se détendre légèrement. Je continuais un moment, en m'allongeant à ses cotés, tout en attrapant sa main pour la serrer dans la mienne. Après un temps indéterminé il sembla redevenir à peu près calme alors que moi je m'inquiétais.

Reyes faire des cauchemars ? Cet homme qui ne semble perturbé par rien ? Il n'a même pas dit quelque chose tout à l'heure quand je lui ai fais mon monologue débile... il doit être vraiment en colère contre moi... je devrai essayer de me racheter... si j’essaie de cuisiner ça lui ferai plaisir ? Ça changerai des pizzas... puis je peux pas faire pire que lui. J'aime pas le voir dans cet état... on dirait un enfant vulnérable. J'aimerai l'aider. Peut être qu'il a des problèmes dont il ne m'a pas parler qui seraient suffisamment importants et stressant pour le mettre dans cet état ? Je n'aime pas le voir souffrir ça me rend triste... j'aimerai l'aider. Mais je sais pas quoi faire.... c'est rageant d'être aussi inutile. Mais j'ai pas envie de le harceler avec des question ça risquerai de l'énerver que je sois indiscrète et curieuse comme ça. je veux pas le saouler en plus.


Je soupirais lourdement, et ferma les yeux soudain fatiguée. Sa main toujours dans la mienne, je me laissais allée, et m'endormis sans même m'en rendre compte, face à lui, de nouveau apaisée par sa respiration régulière et par sa présence en général.

Alors que je dormais profondément, je sentais quelque chose de gluant sur mon visage qui me tira désagréablement de mon sommeil bien mérité. En râlant j'ouvrais les yeux collés, mes cheveux devant mon visage chatouillant ma peau et mes joues. Je me retrouvais face au chien de Reyes, qui couinait désagréablement en me sautant dessus comme si il me demandait de bouger mon cul. Après avoir tourné la tête, je remarquais que reyes n'était plus la. 9:00 … il est tard...

Les dents serrées je me redressais en grognant dans ma barbe, passant ma main sur mes yeux gonflés. J'ai bien dormi dis donc... mieux que dans la baignoire. Après m'être intérieurement motivée, je me levais et alla jusqu'à ma chambre en traînant des pieds alors que le chien jappait de façon agaçante à mes pieds. Je me débarrassais de ma chemise, et enfila une tenue basique : jean, débardeur blanc, parka, baskets, pour me fondre dans la masse car je comptais sortir aujourd'hui.
Bizarrement aujourd'hui, je voulais me balader dehors, et d'aller à la mer. Apparemment on peut y aller en prenant un bus... je pourrai proposer à Reyes d'y aller avec moi tient...

Je sortais, manqua de donner un coup de pied au chien qui gueulait comme un taré m'arrachant une exclamation de fureur.

-Oh mais putain dégage de la qu'est ce que t'a ?!

Il fonça vers la fenêtre et grattait furieusement à la porte. Les sourcils froncés, j'observais avec ma vision infra-rouge l'ensemble de l'appartement, et remarqua que son maître n'était pas la. Je poussais le chien, et sortis en trombe dehors en dévalant les escaliers après m'être équipée de plusieurs armes à feux, cherchant partout ou il pouvait bien se trouver. Ce n'est qu'une fois arrivée aux pieds de l'immeuble que je remarquais les yeux exorbités Reyes face à trois hommes en plein combat sanglant.
Qu'est ce que... Reyes... qu'est ce qu'il...

Abasourdie, et figée de stupeur, je ne pouvais pas faire un geste, me contentant de fixer ce massacre. J'étais habituée aux bains de sang... mais... pour la première fois j'avais comme une violente douleur à la poitrine en assistant à ce désolant spectacle.

J'étais en plein bug, fixant ces horreurs tout en me rappelant mes entraînements à Aurora... combien de gens avais-je tuer pour réussir à atteindre un niveau respectable aux yeux des scientifiques ? 529 je crois... je me souviens de chacun de leurs visage. De leurs hurlements qui m'empêchent de dormir la nuit... du goût du sang, et son contact sur mes mains... Mais jusqu'à aujourd'hui, je n'avais pas ressentis cette douleur. De la … culpabilité ? Sûrement...

Ce que je ne comprenais pas, c'était pourquoi Reyes faisait ça. Pourquoi blessait-il ces hommes de sang froid avec ce regard ? J'avais l'impression de me retrouver face à une autre personne... et celle ci me faisais peur... j'avais l'impression de me retrouver face à moi avant. Moi sans sentiments, moi déshumanisée, sans cœur, qui tuait sans réfléchir. Avec du recul, cette moi la me terrifiais.

Reyes qui m'avais expliquer à quel point la vie était précieuse en me remontant les bretelles... pourquoi... pourquoi fait-il ça maintenant... pourquoi est-il devenu comme moi ? Je ne comprend pas. Je comprend pas ce qui se passe.

Alors que mon regard était perdu dans le ballet qu'était ce combat, voyant le sang giclé, les yeux crevés, les balles traversant les corps, les genoux... ce regard... de nouveau ce regard de Reyes face à cet homme suppliant... suppliant pour sa vie... et cette conversation. Cet homme avait tué sa sœur, et voulait tuer Reyes maintenant. Reyes allait le tuer. Il allait le tuer... le tuer.. le... le...

Et la belle finie par partir, achevant cette vie. Cette vie... une vie en moins... encore... encore une...

Pétrifiée sur place, me sentant soudain blême, je toisais le cadavre sur le sol. Pourquoi l'a-t-il tué ? Ne m'a t-il pas dit qu'il ne fallait pas faire ce genre de choses ? Je ne comprends plus... je...

Brusquement il fit volte face, me faisant sursauter violemment, les yeux exorbités en reculant instinctivement d'un pas. L'homme face à moi était méconnaissable... un regard froid, couvert de sang, un sourire presque tordu. Qui est-ce ?

On se fixa un long moment, et la voix tremblante, je murmurais difficilement, encore sous le choc.

- Pourquoi t'a fais ça... ? Tu aurai pu juste leurs faire peur, ou les livrer à la police... Tu en a les capacités non ?

Il me toisa, sans perdre son expression, et répondit d'une voix glaciale qui sembla trancher l'air comme une lame d'acier.

- Ce gamin était un meurtrier et un futur récidiviste. Il devait mourir

Les yeux ronds, je bafouillais difficilement en m'approchant des amis, grièvement blessés, gisant sur le sol avec des gémissements qui m'arrachèrent les tripes.

- Mais … mais... l'autre jour tu m'a dis qu'ici on ne devait pas tuer car on était pas a aurora... que la vie était précieuse... tu m'a dis que je ne pouvais pas prendre de vies comme ça !! Que c'était immonde !! Pourquoi t'a fais ça alors ?! On est humains non ?!! pas des monstres !!!

Les dents serrées il me repoussa violemment, et hurla comme jamais, en tremblant comme un malade avec un sourire à faire froid dans le dos.

- C'était un cas de force majeur ! La dernière fois c'était des gars qui faisait ça pour une raison ! Ce gamin c'était juste un putain de tueur ! IL DEVAIT MOURIR ! Il y à des moments où tu dois tuer pour vivre tu comprend ? Puis tu penses que nous sommes des humains ? Des humains ! Ahahaha ! Regarde moi ! Regarde toi ! Bien sur que nous sommes des monstres ! Nous ne serons JAMAIS des êtres humains ! Et de toute manière je préfère être un monstre qu'un humain ! Ce sont eux les pires !

Les yeux ronds, je tremblais violemment les dents serrées de colère. Avec un regard de mépris, je le contournais, m'agenouilla aux cotés des deux hommes blessés, et arracha l'une de mes manches pour commencer à éponger les plaies en disant sans le regarder.

- je suis partie d'Aurora pour arrêter d'être un monstre ou une machine. Tu m'a appris que personne ne méritait de mourir, sinon, nous devrions être les premiers à crever comme des chiens. Et moi je refuse de vivre de cette manière... je refuse de recommencer à tuer... je suis peut être une abomination de la nature, mais je n'ai jamais demandé à l'être. Alors je vivrai avec mes erreurs et ma culpabilité, en ayant une deuxième chance. Eux méritaient la même chose. Personne ne mérite de se faire abattre froidement de la sorte...Nous sommes différents, mais nous sommes pareils également tu comprend ? Alors ne me fais pas croire qu'ils sont pire que nous s'il te plaît... Si je suis ici c'est pour redevenir un humain, alors déteste moi également dans ce cas. Tue moi. Je le mérite bien plus qu'eux trois.

J'attrapais les mains de ces hommes pour qui je ne pouvais plus rien, sentant la douleur au creux de mon ventre de ne pas pouvoir sauver ces hommes. Ils allaient mourir sous mes yeux sans que je ne puisse rien faire... c'est alors qu'il se mit à hurler dans mon dos.

- Non ils ne sont pas comme nous ! Ce gars.. Ce gars a tué froidement une gamine et tu veux que je le laisse en vie ? La différence c'est que nous on tue pour une raison ! Lui ? Non ! Il y à des choses qui ne mérite pas de vivre Aoko ! Tu laisserais une seconde chance à Jameson ? Tu laisserais cet homme vivre en sachant toutes les horreurs qu'il a put faire et qu'il continuera à comettre ? D'ailleurs un jour tu verras peut-être certaines création de la corporation et tu comprendras qu'il y à des choses qui n'ont tout simplement pas leurs place en ce monde ! Des erreurs de la nature qui ne vivent que pour le meurtre ! Nous ne sommes pas comme ça et notre rôle c'est de vaincre ces choses ! Tu leurs tire une balle dans la tête et on en parle plus ! Tu dois savoir faire la part des choses ! Tu penses vraiment que tu vas m'apprendre à vivre ? A moi ? Toi ? Tu ne connais du monde que ta table d'opération et la douleur du scalpel ! Tu pensais que tu serais heureuse en fuyant aurora ?! C'est l'enfer !... Si tu n'es pas prête à comprendre ce genre de chose... Alors retourne y !

Je prenais une grande inspiration pour me calmer, et murmura entre mes dents sans quitter des yeux ces hommes, caressant de temps en temps leurs visage froid.

- J'ai tué un nombre incalculable de personnes... sans raison... 529 exactement. Je n'oublierai jamais leurs hurlements, leurs regards, ou leurs derniers souffle. Pourquoi j'ai fais ça ? Je sais plus... je ne laisserai pas une seconde chance à Jameson, mais je ne me laisserai pas une chance non plus. Je ne mérite pas d'être la, à m'extasier devant des beignets... je suis pathétique hein ? Je ne haïs pas ces hommes. Je ne haïs pas les autres cobayes d'Aurora. Je ne déteste personne. Je ne tuerai personne. Et je ne laisserai personne me tuer. Pour moi faire la part des choses, et ce que je veux, c'est qu'Aurora tombe, et que les cobayes réussissent à retrouver leurs familles, que les humains nous acceptent. Je veux être heureuse ici... je le veux vraiment Reyes. Pour moi ce n'est pas l'enfer ce monde. Je ne vois pas les choses de la même manière que toi, car tu m'a aider et pousser à penser autrement. Je suis niaise hein ? Tu dois penser que suis qu'une gamine qui connait rien à la vie. Je l'admet. Mais je m'en fiche. Je refuse de participer à ce bain de sang. Si tu refuse de m'avoir à tes cotés, alors dit le moi et je partirai dans ce cas. Ce que je t'ai dis tout à l'heure était vrai tu sais. Je souhaite t'accompagner et t'aider, je veux te soutenir. Alors, comme tu me l'a dis il y a quelques semaines, Ne tues que quand c'est la seule option ! C'est un ordre !

Je n'osais pas le regarder, me contentant de rester aux cotés de ces hommes qui étaient morts maintenant. Cependant il ne répondit rien, et s'en alla soudain, me laissant seule en m'insultant au passage, sentant mon ventre se noué violemment.

- Je veux pas à mes cotés une gamine dans ton genre. Jamais je ne m'allierai avec les humains !! et jamais je ne pourrai pardonner à ces fils de putes d'aurora !! Ils méritent tous de crever de toute façon et c'est ce que tu pensais avant !! Alors fait pas ton Gandhi !!! T'es aussi mauvaise que ces connards !! Aussi mauvaise que moi !!! Jamais tu sera acceptée dans ce monde tu finira par crever seule comme un chien !! Comme tout le monde dans ce monde de merde !! Alors tire toi et ne revient plus jamais !!! Tu me dégoute !!!

Et il partit, rentrant en claquant violemment la porte derrière lui, me laissant seule avec la besogne. Secouée de violents tremblements, je prenais une grande inspiration, et ria toute seule en passant ma main sur mon visage. Ouais... je suis qu'une gamine... je finirai seule, rejetée, et je vais mourir sûrement tuée par un mec d'Aurora. Je ne sais que tuer... comment pourrai-je survivre seule... aucune idée.
Difficilement je me relevais, et attrapa un à un les corps pour les trainer dans une voiture choisie au hasard que je forçais. Je balançais les 3 cadavres à l'intérieur, et m'installa sur le siège conducteur. J'allumais le contact et regarda une dernière fois la fenêtre de l'appartement de Reyes, avant de rouler vers les marécages me débarrasser des hommes, et finalement disparaître à mon tour.