Collaborations sentimentalement ironiques... [Daniel - Tempérance]

Daniel Helm:

Alors que la lumière matinale pointait tout juste le bout de son nez et que le monde se réveillé lentement, moi, j'étais dehors bien avant que les rayons du soleil ne viennent doucement chatouiller ma joue. Je devais avoir trois-quatre heures de sommeil dans la gueule à tout casser mais le froid et le vent s'occupait de me tenir éveillé de même que mes chauds vêtements et ma fidèle clope. Bien que je sois un gros fumeur, jamais je ne m'étais surpris à cracher mes poumons... Peut-être justement à cause de cette hygiène de vie mettant mon corps à rude épreuve ? J'avais traversé le monde de long en large, vu des choses incroyables, en vivant le plus simplement possible : j'étais toujours à l’affût de prédateur et je préférais me reposer six fois dans une journée qu'une trop longue durée d'un seul coup. Pour noyer ma peine, j'avais risquer ma vie d'innombrables fois même si je n'étais qu'un humain, j'avais noyer ma souffrance dans l'adrénaline et la sagesse du monde.


Mais aujourd'hui, le fait que j'erre dans les ténèbres n'avait rien à voir avec mon instinct. J'étais en France. Ça n'avait aucun sens. Aujourd'hui, j'étais sur les ruines d'un sinistre qui coûta la vie à des centaines de personnes. J'observais les restes calcinés d'une structure qui avait été le foyer de scène odieuse. C'est ici que tout avait commencé... Avec le début de ces flammes et la fin d'une adolescente qui aurait pu changée beaucoup de choses si elle avait été en vie... j'en étais sûr.


J'avais passé un coup de fil à Tempérance pour... Je ne savais même pas pourquoi. J'avais prétexté le travail. Mais finalement c'était juste histoire de noyer mon ennui. Cette jeune femme me rappelait étrangement le passé même si je ne savais pas pourquoi.


-Il semblerait que tu avais raison... Nous nous battons contre des moulins à vents Liz...


Le son assourdissant de pâles d'hélico qui claquaient derrière moi gâchaient ce deuil, mais j'étais plutôt pressé. Je fis signe au pilote de m'envoyer une échelle à laquelle je m'accrochais.


-Vous ne montez pas à bord ? Me fis le co-pilote


-Plutôt suspendu dans le vide que dans votre engin !


Il me rendait un sourire et fit signe à son camarade de décoller vers ma destination : Tempérance.




Le bâtiment était en approche. Mon taxi me rapprocha le plus possible du toit, environ deux mètres de hauteur, et je sautais de mon échelle. ''J'ai déjà vu mieux pour passer inaperçu'' pensais-je. Mais ce confort, c'était quelque chose que notre famille avait depuis une éternité maintenant. Un confort plutôt handicapant. Comment voulez-vous que nous ne nous transformions pas en gros porcs ?
Je prenais l'unique porte et descendais les escaliers jusqu'à ce que je croise une porte portant le nom de ma camarade de travail.
Il faisait plutôt chaud ici et je n'avais qu'une seule hâte : enlever cette masse de vêtement qui me faisait littéralement crever de chaud alors que paradoxalement mes joues étaient encore glaciales ! Ni une ni deux : Je toquais à la porte et sans même avoir l'accord de la propriétaire des lieux j'ouvrais en refermant derrière moi. Je retirais mes chaussures et regardais droit devant moi dans le couloir. Tempérance était là.


-Oh... Euh... Salut ?


Entrer chez une flic de la sorte... Maintenant que j'y pense j'aurais pu me prendre une balle dans la tête et ma vie se serait achevée de la plus idiote des manières qui soient. Elle portait un simple débardeur et quelque chose de tout aussi léger plus bas. Je notais dans un coin de ma tête un tatouage en forme de vautour sur sa cuisse droite.


-Ah ! Désolé !


J'allais vraiment m'en prendre une... De balle.

-Oh ! Je n'ai pas spécialement faim et... Bah.... Sans épice.


Quel idée de mettre des épices dans un œuf ? Quel idée de manger des œufs le matin pour commencer ! Je remarquais dans le coin à gauche de l'entrée un porte manteau en bois auquel j'accrochais mon barda à ce dernier avant de me dirigé vers la pièce où se trouvait Tempérance. C'était un petit appartement sans prétention disposant de très peu de mobilier et je ne sais pas si c'était à cause de ma virée en hélicoptère ou si parce-que les lieux étaient particulièrement mal chauffés mais il y avait une impression de vide qui ne faisait qu'amplifier cette sensation... Les lieux n'était en aucun cas personnel et il n'en ressortait rien de personnel qui aurait pu égayer l'endroit... Ca n'avait strictement rien à voir avec mon chalet traditionnel planqué dans les bois et je regrettais un instant de ne pas lui avoir demandé de venir plutôt chez moi... Nous étions en pleine ville, et je n'aimais pas énormément être entouré de cette masse grouillante et de ses gigantesques constructions grises... Dans le fond peut-être qu'être planqué dans la forêt pouvait m'apporter bien plus de sécurité qu'ici ?
Je cessais ces divagations inutiles qui ne faisait que me sentir plus mal qu'autre chose et commençait par m’asseoir sur une chaise et à me basculer en arrière avec ma nonchalance habituelle.


-Je vais bien... Je reviens d'une petite balade. Il fait sacrément froid dehors...


La vérité c'est que l'air était carrément glacial dehors et mes joues étaient encore engourdies et rougies. Mon regard revenait naturellement vers Tempérance qui n'était visiblement absolument pas gênée du peu qu'elle était vêtue... Portait-elle seulement un soutien gorge ? Pour une cobaye... Elle était plutôt pas mal foutu et les tatouages ne faisaient que lui donner une apparence encore plus sensuelle que ne l'aurait été normalement une femme. Ses long cheveux roux n'étaient pas coiffés et devait être la seule chose qui réchauffait mon esprit gelé actuellement : c'était des cheveux de feu, rougeoyant et chaleureux... N'aurait-elle rien pu faire pour améliorer la personnalisation de son appartement ? N'avait-elle aucun goût particulier ? Il n'y avait même pas ne serait-ce qu'un peu de désordre et juste le strict nécessaire en terme de mobilier... Pas plus tard qu'il y a quelques heures je me trouvais chez moi, sur un balcon en bois près d'un réchaud et je fumais une clope en écoutant la télévision déblatérer ses conneries, le son nocturne, celui du vent, et d'un minimum de civilisation, formaient un tout terriblement rassurant alors qu'ici les seuls sons que mon oreille pouvait entendre était ceux d'une poêle et le son agaçant d'une horloge et de son ''tic-tac'' régulier qui donnerait envie à n'importe quels personnes seules de se défenestrer dans l'heure.


-Hmm... Si vous voulez je peux attendre le temps que vous mettiez quelques vêtements vous savez ? Je ne suis pas vraiment pressé...


Je n'étais pas non plus forcément des plus à l'aise. Ne savait-elle donc pas de quel manière agissait les hommes ? J'aurais presque pu croire à de la provocation intentionnelle. Mais ça aurait été à des lieux de celle que j'avais vu hier qui parlais avec un sérieux et une légère... peur dans la voix quand nous avions énoncé Jameson. Au final je n'avais pas obtenus plus d'informations que ça.
Je regardais avec insistance Tempérance... J'espérais qu'elle brise cette atmosphère lourde  

Tempérance avait fini de cuisiner son copieux petit-déjeuner et le posait dans des assiettes avant de m'en présenter une. Je n'avais absolument pas faim et je me sentais mal à l'aise de devoir refuser ainsi je choisissais d'attendre qu'elle commence elle même à manger pour me forcer.
Elle s'asseyait face à moi en ricanant. Pourquoi ricanait-elle ? Je ne pouvais que penser au fait qu'elle faisait exprès d'être provocatrice et que ma gêne l'amusait... D'ailleurs ça devait être ça puisqu'à peine quelques secondes plus tard elle se relevait à nouveau, disparaissait dans une pièce, et en ressortait avec un short gris et un dossier qu'elle me posait à côté de l'assiette toujours intacte.


-- Ne soyez pas gêné, vous n’avez jamais vue de femme en petite tenue ?

-Les indigènes sont rarement vêtues... Mais disons que le contexte dans lequel vit une tribu de sauvages ayant à peine connaissance de l'existence des vêtements et celui d'une femme flic dans une société aussi pudique que la notre ne donne pas le même impact.

Des tribus indigènes... Il en restait si peu que je pouvais les compter sur les doigts de mes deux mains et à chaque rencontre avec eux j'avais eu l'impression d'être un Dieu... Ou un Diable. Tout dépend de leur méfiance. Les femmes comme les hommes étaient généralement nus mais ce n'était en rien comparable avec nos belles femmes en bonne santé... Elles n'étaient pas spécialement attirante diront nous... Les seins tombants, plutôt sale, aussi poilue que mon frère... Pour faire simple elles ne s'occupaient pas d'elles le moins du monde et se contentaient de survivre dans un monde ou les ressources premières se faisaient de plus en plus rare. A côté les femmes européennes étaient soumises dès la naissance à quelques ''normalités'' fixé par notre société tel qu'un niveau d'hygiène plus élevé... Il était indéniable qu'elle était rien qu'en ça bien plus attirante sans cette couche de crasse et de boue de plusieurs centimètres sur la peau... Je ne parlerais même pas de l'odeur... Enfin. Il est bon à savoir que j'ai déjà été seul en exploration plusieurs mois d'affilés, j'avais du survivre moi aussi et je ne devais pas avoir senti bon à cette époque...

Je chassais ces pensées de mon esprit. Rien ne m'avait fait plus plaisir que ces aventures et j'y retournerais volontiers si la civilisation ne m'avais pas rappelée à elle pour quelques affaires.


-- Concernant notre affaire, il va falloir qu’on trouve le bon indic. J’ai d’ailleurs une fille qui traîne dans le bidonville qui peut avoir en sa connaissance deux trois infos. Malheureusement pour vous, j’ai bien peur qu’il va falloir remballer votre pudeur, c’est dans un bordel. 

Un bordel. Le genre d'endroit où se mêlait tous les vices de la race humaine. Les pires crapules résidaient dans des lieux comme ceux-là et bien souvent les... Employées, n'étaient pas réellement traitées avec galanterie... Certaines ne souhaitaient même plus travaillées à ce que j'avais entendu dire et l'idée de me retrouver dans un lieu comme celui-ci ne m'enchantais guère : Je me voyais mal rester passif si jamais une innocente se fait malmener sous mes yeux. M’emmener avec elle pouvait faire dégénérer les choses à tous moment.


-Je peux faire quelques chose pour ma pudeur ne vous inquiétez pas.

A vrai dire, les femmes ne me dérangeaient pas vraiment. En temps normal.


-Cependant... Un endroit presque aussi malfamé qu'un laboratoire de la corporation... Êtes-vous sur que tout se passera dans le calme ?

Je relevais la tête du dossier pour fixer Tempérance d'un œil sévère, purement dur. Rien qu'avec ça, elle voyait ce que je voulais dire... Ou plutôt en avait-elle entendu des bribes.


A peine eus-je dit ses paroles que nous sautions aussitôt dans un moyen de transport direction... le bordel.