Toute première rencontre entre Matthew et Rhyme. Alerte aux étincelles. 8D
- Matthew Hussey ?
Elle répéta le nom écrit en majuscule sur le dossier du Cobaye en question, avant de redresser les yeux vers le Scientifique qui lui faisait face.
- Et donc ?
- Je te l’ai dis. C’est un cas... particulier. Il a beau être docile et obéissant, il est incroyablement caractériel. S’il n’était pas aussi prometteur, on s’en serait débarrassé depuis longtemps.
Agacée, la jeune femme haussa un sourcil et parcourus du regard le dossier en quelques secondes, sans accorder ne serait-ce qu’une once d’attention pour les pages noircies des notes des Scientifiques. Ça ne l’intéressait pas plus que ça - et ça l’emmerdait plus qu’autre chose de lire ce qu’il avait écrit comme conneries. Qui plus est, Rhyme n’avait pas choisi de s’occuper de ce Cobaye de son propre chef. Ce devait encore être une lubie farfelue de ses Supérieurs. Ou alors, ces derniers avaient jugé que seule Rhyme était capable de maîtriser ce Cobaye. Si tel est le cas, ce n’était pas rassurant. Rhyme ne pouvait pas rivaliser avec un Cobaye Offensif. C’était peut-être un assassinat prémédité ? En tout cas, cela avait le mérite d’être amusant. Sans prendre la peine de regarder la photo d’identité du Cobaye - elle aimait les surprises - Rhyme se leva de sa chaise, droite comme un I. Comme si elle faisait un salut militaire à l’homme qui lui faisait face.
- Bon, je vais voir ça. Mais je vous préviens. Si ce Cobaye m’emmerde, je m’en occuperais plus.
- C’est ce qui risque d’arriver. Et de toute façon, je ne penses pas que tu aies le choix, R-626. Ce n’est pas parce que tu accomplis ton travail à la perfection que tu peux te permettre de juger nos choix.
- J’en ai rien à foutre. Je suis Informatrice, pas baby-sitter. C’est vous qui m’avez choisi pour m’occuper de ce Cobaye.
- C’est ça, c’est ça. Allez, va plutôt voir ce à quoi tu as affaire, conclut-il en s’esclaffant.
Qu’est-ce-qu’il avait à rire, celui-là ? Sérieusement, Rhyme était de moins en moins gâtée par les abrutis qu’elle côtoyait. Sans prendre la peine de relever l’imbécilité non-feinte de l’homme de sciences - rien qu’à penser à cette désignation, elle en riait - Rhyme tourna les talons et sortit de la pièce à grande enjambée. Elle était loin de se douter à quel point le rire de ce Scientifique relevait plus du malsain qu’autre chose. Il n’y avait rien de plus malsain que de mettre Rhyme en duo avec un frère qu’elle ne connaissait pas. Plus était peut-être le terme le plus approprié. Et tout cela pour voir si son lavage de cerveau était toujours opérationnel, tout comme celui dudit Matthew.
Mais de ça, comme aujourd’hui, elle ne s’en doutait pas l’ombre d’un instant. Ainsi, dossier sous le bras, la jeune femme avait traversé la Section des Laboratoires jusqu’à atteindre la passerelle qui la mènerait au bâtiment des Blocs. Là où étaient stockés tous les Cobayes d’Aurora Corporation. Snobant à merveille les Scientifiques et les Agents qu’elle croisait dans son sillage, la jeune femme ne fit pas long feu jusqu’à arriver à l’entrée du bâtiment. Elle présenta derechef sa carte d’identité, demanda le numéro de case du C48-G4 et finit par accéder à la Section des Cobayes avec une froideur apparente. Ce lieu ne lui rappelait pas de bons souvenirs. Ils étaient l’allégorie des journées entières, passées à souffrir à la mort, sans que l’on ne cherche à lui administrer un calmant. Simplement parce que l’on voulait tester sa résistance à la douleur. C’est sûr que là, elle l’avait senti passer. Et ce n’était pas la seule raison qui l’amenait à éprouver une haine monstre envers les Scientifiques. Une haine qu’elle s’appliquait à cacher difficilement, puisqu’elle était censée ne plus être qu’un pion. Remarque, c’était déjà le cas.
Ce lieu augmenta d’un cran l’agacement habituel de la jeune femme, qui gravit les marches quatre à quatre, jusqu’à atteindre la rangée ou se trouvait ce fameux Matthew. Au lieu de regarder sa photo de dossier pour voir à quoi il ressemblait, elle se contenta de passer à côté des cellules une par une, en regardant le numéro affiché au dessus des barreaux. Beaucoup de Cobayes la regardait avec de grands yeux. Soit horrifiés, soit lubriques, soit ravis d’avoir une distraction journalière. Ce fut un coup d’œil glacial de la part de l’informatrice qui les convainquit de regarder ailleurs avant qu’elle ne s’énerve pour de bon.
Lorsque Rhyme arriva au niveau de la case de « son » nouveau Cobaye, elle appuya nonchalamment son coude aux barreaux et scruta l’intérieur, bien trop étroit pour une seule personne. Il y avait quelqu’un, d’allongé sur le petit lit spartiate. Mais elle ne vit pas son visage, vu qu’il était de dos. Et qu’il dormait, qui plus est. Un sifflement agacé s’échappa d’entre ses lèvres, et Rhyme ne put s’empêcher de donner un violent coup de pieds dans les barreaux incroyablement solides - arrachant une flopée d’insulte de la part des gardes qui se tenaient à quelques mètres. Le vacarme était tel qu’elle espéra que le Cobaye se soit réveillé.
- Hep ! Bouge-toi et lève-toi le Cobaye ! T’es bien Matthew ? Sujet d’expérience C48-G4 ? continua-t-elle d’un air presque contrit.
La silhouette bougea, et arracha un sourire moqueur à la jeune femme. Qui éprouvait déjà un étrange pressenti, à la simple vue de la silhouette de ce Cobaye. Plus familier qu’elle n’aurait pu l’imaginer, et qu’elle ne l’imagine encore.
Le brouillard, sombre, épais... Douloureux. Des échos de voix résonnent tout autour de lui. Elles sont indistinctes, lointaines et il ne peut déchiffrer aucun des mots prononcés. Parfois, une silhouette floue et informe se profile dans cette mélasse épaisse. Elle bouge et il essaye alors de l'atteindre, mais son corps est si lourd... Tellement lourd. Lever son bras lui demande un effort surhumain et la douleur qu'il en ressent le fait grogné de douleur. Il ne comprend pas cet endroit, ce qu'il s'y passe et la source de sa douleur et il ne peut fuir cette brume.
Son corps se contracte, frissonne, se tend au rythme de l'inconfort et de la douleur qui le traverse par vague. Plongé dans un sommeil agité, dans ce rêve digne d'un cauchemar. Alors que son subconscient lutte contre cette technologie qui a fait de lui un homme sans souvenir, son corps, utilisé pour des manipulations génétique, brûle encore de l'intérieur, ses muscles en feu, palpitants et tendus comme la corde d'un arc. Parfois, un gémissement ou un grognement franchi ses lèvres et ne rencontre que la froideur du lieu où il se trouve. Une cellule minuscule et oppressante. Le front en sueur, dos aux barreaux de sa cellule, le corps et l'esprit a l'agonie, il ne s'attend pas à retrouver la chose la plus importante à ses yeux. Assez importante pour plonger sans une once d'hésitation dans les profondeurs de l'enfer sur terre. Encore aujourd'hui, son but, l'objectif de toute cette souffrance, se trouve à porter de main, et ce, sans qu'il ne s'en doute une seule seconde. Il n'a pourtant qu'à tendre le bras pour saisir ce qu'il était venu chercher... Ce même geste qui est si difficile à effectuer dans son cauchemar. Un geste si simple en apparence.
Il arrive à se mouvoir avec difficulté, un pas après l'autre, dans le brouillard. Il avance sans même savoir ou il se trouve ou même l'endroit où il se rend. Mais il doit bouger, il doit avancer. Quelque chose au fond de lui le pousse à se battre à ne pas abandonner. Alors il avance, malgré la douleur, malgré cette sensation de son corps lourd et comme retenu par de lourdes entraves. Le visage crispé dans sa détermination. Le regard têtu fixant l'horizon sombre devant lui. Il ne cessera la lutte, jamais avant d'avoir trouvé une sortie ou une échappatoire. Lutter, survivre et se battre. La seule chose qu'il puisse faire. Son corps est brisé, mais tant que son esprit reste concentré sur ses objectifs, personne, pas même ses tortures quotidiennes ne pourront le détruire entièrement. Il continue de marcher, au hasard, quand quelque chose attira son attention. Une voix, très lointaine presque indescriptible tellement elle semble étouffée par le brouillard environnant. Le cobaye arrête son avancé et chercher la provenance de cette voix. Elle lui semble familière. Il se remet en route, suivant cette voix qui au fil de ses pieds deviens plus distincte. Elle répète sans cesse un seul mot. Un prénom, son prénom. Comme si elle l'appelait. Alors l'homme pressait le pas, luttant de plus belle contre la brume pour rejoindre cet appel. Il ne sait pourquoi, mais il a un mauvais pressentiment. « Matt...Matthew... Matthew » la voix se faisait plus fort alors qu'il courrait à présent dans les ténèbres. Peu importe la douleur que chaque pas lui arrachait, il courrait comme poursuivis par le diable en personne, comme si les ténèbres pouvaient avaler sa seule source d'espoir au moindre instant. Au loin, une petite lumière, comme une étoile, scintillait faiblement. Doublant de détermination, il courut à perdre haleine. La lumière grandissait prenant une forme humanoïde, une silhouette blanche immaculée d'ou provenait la voix qu'il avait recherché jusque-là. Il l'avait trouvé. Avec espoir il tendit la main a quelques centimètres de l'atteindre. Il la frôlait presque lorsque tout se mit à trembler dans un son assourdissant. La silhouette se brouilla et parti en fumée le laissant de nouveaux seuls dans le noir. Tout ce monde de ténèbres tremblait et il l'impression d'être pris dans un tourbillon qui lui donna le haut-le-cœur. Puis... Plus rien.
Le son des barreaux se répercutait dans la cellule. Ce son assourdissant eu, l'effet attendu par l'agent du gouvernement puisqu'il réveilla non seulement tous les cobayes en captivités, mais surtout Matthew, qui arraché à son rêve se réveiller avec une migraine accompagnée des douleurs de son corps entier qu'il avait ressenti et retranscris jusque dans son sommeil. Il émergeait difficilement.. Très difficilement alors qu'une voix forte vint lui casser les oreilles de bon matin. À moins qu'on soit l'après-midi ou même le soir... Qu'importe, il se réveille alors pour lui, c'est le matin. Et tout le monde sait que Matthew le matin n'est absolument pas jouasse et disposé à discuter et encore moins à supporter une personne tout aussi caractérielle que celle qu'il allait justement rencontrer.
- Hep ! Bouge-toi et lève-toi le Cobaye ! T’es bien Matthew ? Sujet d’expérience C48-G4 ? continua-t-elle d’un air presque contrit.
Mattthew bougea, réalisant enfin ou il se trouvait, sa situation et les souvenirs des jours derniers. Et tout ça, coupler à sa visite indésirée le mit d'une humeur massacrante. Plus que la visite en elle-même, c'est le ton employé envers lui et surtout les mots qui le mirent dans de très mauvaises dispositions d'accueil. « le cobaye » « C48-G4 » encore un fichu scientifique qui s'adresse à lui comme d'un sale rat d'expérience du style : trouve le fromage dans ce grand labyrinthe. Il grinça des dents et se redressa sur son lit aussi dur et inconfortable que possible. Maintenant en position assise, il tourna légèrement la tête vers son interlocuteur qu'il noya de regards foudroyants et colériques. Il la détailla et ne vit ni blouse blanche ni cet air caractéristique des scientifiques. Ce genre de regard curieux de savoir jusqu’où tu vas survivre à leur horreur. Cette fascination glauque qui lui donne sacrément envis de gerber. Donc cette femme n'était pas un scientifique. Les autres cobayes restent normalement assez loin de lui, comme s'ils avaient peur de se faire exploser la cervelle s'ils le mettaient en colère, oh attend. Ils ont raison en fait. Pas qu'il soit un sauvage, mais il contrôle très mal sa force toute nouvelle et a déjà briser bien des choses en étant simplement un peu frustré. On peut d'ailleurs voir plusieurs enfoncements dans le mur de sa cellule. Des traces de poings. La majorité des traces ont été faites dans des moments de folie alors que la douleur consumait son corps entier. Comme si frapper le mur pouvait décharger cette douleur.
Les nerfs à fleur de peau, dans la souffrance et puis un peu mal luné, il se leva de son lit le regard fixé sur elle.
- Ça s'pourrait et toi t'es qui ? Pas un scientifique, c'est clair, quoi que tu m'insupportes encore plus que les blouses blanches, j'sais pas pour qui tu te prends, mais je suis pas d'humeur pour tes conneries.
Agressif autant que dans ses mots que dans ses gestes. Il était braqué et la rencontre commençait bien mal. Ne la voyant pas bouger de là où elle est, de son point de vue où il ne pouvait l'atteindre. Et lorsqu'il posait son regard sur elle, il ressentait comme quelque chose.. d'étrange. cela suffit à faire monter le baromètre de ses nerfs à un niveau qu'il ne put évacuer qu'en saisissant son lit de fortune qu'il balança contre les barreaux de la pièce. Tout ça avec une grande facilité comme si le lit pesait le poids d'une plume. Le bruit fit de nouveau râler les gardes qui s'approchaient de la cage, sachant déjà de qui il s'agit. Ce n'est pas la première fois que Matthew fait du grabuge dans son bloc et certainement pas la dernière.
- Dégage...
Il grimaça, ses bras le lançaient un peu, même si la douleur devenait plus sourde, comme s'il commençait tout juste à s'habituer. Il soupira, stressé et serra les poings en s'adossant au mur parallèle aux barreaux, là où se trouvait son lit auparavant. Ces manipulations le mettaient vraiment les nerfs à vif.
La jeune femme se redressa légèrement, lorsque le lit spartiate heurta avec violence les barreaux de la cage. Elle ne cilla pas, ou presque, si l’on ne comptait pas l’éclair d’agacement qui traversa son visage. Cela faisait longtemps qu’on ne lui avait pas parlé ainsi. Malgré son agacement, elle s’adossa aux barreaux de la cage, le regard rivé en direction du Cobaye à moitié dans l’ombre. Avachi au fin fond de sa miséreuse cellule. Pendant de longues secondes, l’Informatrice ne put s’empêcher de détailler du regard la silhouette de Matthew.
Tu ne t’en rappelles pas, n’est-ce-pas ?
Non. Depuis le début, les barreaux se dressaient entre vous deux. Ironie du sort, aujourd’hui, ils s’étaient matérialisés devant vous. Au simple détail que c’était toi qui avait mit ton frère en cage.
Soudainement prise d’un étrange malaise, Rhyme se redressa lentement en souriant. Un sale sourire qui donnait envie de lui en coller une pour qu’elle le perde rapidement.
- On m’avait pas menti. T’as l’air d’un emmerdeur de première.
Ce n’était qu’un simple renvoi de balle.
Rhyme porta un nouveau regard vers Matthew, avant de se tourner en direction des gardes qui se trouvaient à proximité d’elle. Ils avaient dégainé leurs armes, sans nul doute effrayés par la soudaine violence du Cobaye.
- Au lieu de faire les idiots, ouvrez moi cette cellule. J’ai à lui parler
- Tu plaisantes, j’espère ? Tu peux très bien le faire à travers les barreaux, cracha l’un d’entre eux.
Le garde porta un regard dégoûté au badge agrafé à la chemise de Rhyme, avant de lui répondre dans une agressivité qu'il ne feignait pas.
- T’as pas l’air d’être consciente du cas de cette bestiole, R-626. Ce truc est pire qu’un monstre. Si on le relâche, il serait capable de nous massacrer.
Bestiole.
Rhyme observa le garde un long moment, silencieuse, avant de se mettre à rire. Un rire jaune qui arracha une grimace au vigile qui lui faisait face.
- J’adore votre sens de l’humour. C’est très fin. En attendant, monsieur, je ne pense pas qu’il vous arrive à la cheville en matière de monstruosité. Lui ou n’importe quel autre Cobaye. Vous allez m’ouvrir cette case à la con, oui ou non ?
Visiblement, c’était la stupéfaction générale. Soit Rhyme devait être idiote, soit elle ne devait plus tenir à la vie pour dire pareille chose au garde. Et en le voyant brandir son arme en direction de l’Informatrice, cette dernière se mit à ricaner avant de se pencher légèrement en avant.
Pauvre type.
- Vous devriez ranger votre arme. Vous risquez de vous blesser, vous savez. Ce ne serait pas très sympa de tirer sur un Agent Gouvernemental.
Rhyme jouait sur ça, et elle en était parfaitement consciente. Malgré le fait que les ex-Cobayes et les Cobayes soient de gentils pions sans vie, on ne pouvait pas se débarrasser délibérément de l’un d’entre eux sans motif apparent. Et ce garde savait parfaitement que Rhyme excellait dans toutes les missions qu’elle entreprenait. Elle était encore utile, et prometteuse. Et tant qu’elle le serait, elle survivrait.
En attendant, la jeune femme colla brusquement un petit paquet de feuilles agrafées au visage du garde qui mettait ses nerfs à rude épreuve.
- Je ne fais qu’obéir aux ordres. On m’a chargé de l’encadrement de Matthew Hussey, j’ai toutes les autorisations nécessaires pour le faire sortir de son bloc. Alors au lieu de me casser les pieds et me faire perdre mon temps, vous feriez mieux de me croire et de m’ouvrir sa cellule. Si j’ai été chargée de sa surveillance, ce n’est pas pour rien.
Furieux, le garde parcourut les feuilles d’autorisation du regard, avant de tendre une clé en direction de la jeune femme après une longue hésitation.
- Tu peux ouvrir de toi-même. S’il te saute à la gorge, ce ne sera pas bien grave.
Il n’avait même pas les tripes d’ouvrir cette cellule. Le visage impassible, Rhyme s’empara de la clé et tourna le dos aux vigiles, sans leur adresser ne serait-ce qu’un mot. Elle retourna devant la cellule de son intéressé, inséra la clé dans le mécanisme, et la tourna plusieurs fois avant de composer un code sur le boîtier de sécurité inséré à même la petite porte. Dans un claquement sourd, la porte se déverrouilla avant d’être bloquée par le lit qu’avait balancé Matthew a l’instant. Rhyme poussa un sifflement agacé, avant de dégager difficilement le lit à l’aise de son pied afin d’ouvrir la porte en grand - juste pour monter d’un cran l’anxiété des gardes. La cellule était petite, tant et si bien que le lit manqua de heurter Matthew de peu. Et elle était bien trop petite pour contenir deux personnes.
Rhyme resta à l’entrée, adossée aux barreaux. Elle jeta un coup d’œil au dossier qu’elle tenait dans une main, avant de relever son regard en direction du Cobaye.
- Bon, gamin. J’ai une triste nouvelle à t’annoncer.
Sourire moqueur.
- On m’a désignée contre mon gré pour ton encadrement global, puisque personne ne voulait de toi. En tant que tel, je serais le principal Agent Gouvernemental à te guider et à te surveiller lors de tes prochaines missions de terrain. Je m’occuperais également des rapports de toute évolution te concernant, jusqu’à ce que tes manipulations génétiques se stabilisent.
Ou que tu meures. Lasse de parler, Rhyme se tut durant de longues secondes afin de laisser le temps de la réaction au jeune homme. Comme d’habitude, soit elle était stupide, soit elle était suffisamment confiante de ses capacités pour rester là, devant la porte de cet enfer miniature, à portée de main d’un Cobaye capable de lui exploser la tête en une seconde. Elle en profita pour le détailler une fois de plus du regard, en fronçant les sourcils, prise par la désagréable sensation du déjà-vu. Elle n’avait entendu que le nom du Cobaye - célèbre pour les dégâts qu’il était capable de causer, mais elle ne l’avait jamais vu jusqu’à aujourd’hui. Finalement, elle poussa un léger soupir tout en se mettant à feuilleter le dossier détaillé de Matthew. Ce ne devait être qu’une bête coïncidence.
Même si son regard n’était plus posé sur Hussey, la jeune femme le vit esquisser un mouvement dans son champ de vision. Elle haussa un sourcil et leva les yeux en sa direction, sans bouger ne serait-ce que d’un pouce.
Malgré sa démonstration de force ou plutôt de colère folle, une crise colérique digne d'un enfant qui lui vaut bien le prochain surnom de « gamin » de la part de Rhyme, mais à un stade plus dangereux que celui d'un jeune garçon en caprice. Cette boule de nerfs reste un moment immobile ne faisant plus attention à la femme qu'il n'a pas réussi à faire fuir. Les yeux fermés, il n'arrive pourtant pas à penser clairement et lorsqu'une pensée apparaît dans son esprit, elle se mélange et s’entrechoque avec une centaine d'autres créant un fouillis inimaginable dans sa tête. Le cobaye désorienté voudrait simplement qu'on lui foute la paix. Il abandonne le ménage de ses méninges et redresse un peu le regard. Ha... Elle est toujours là donc. Savoir qu'elle n'est pas prête de partir l'agace d'autant plus qu'elle ne semble pas impressionnée ou apeurée comme tous les autres. Car c'est cette crainte qu'il inspire qui lui donne cette paix dont il a besoin. Matthew est loin d'être méchant et à vrai dire, il est plutôt obéissant lorsqu'on le sort de son cube pour une série de tests ou d’entraînements. Et même s'il se montre têtu et parfois hargneux ou encore qu'il casse souvent volontairement l'équipement qu'on met entre ses mains, il reste pas moins assez docile. Mais il y a des jours ou même les gardes armés n'osent pas s'approcher de sa cage, ces jours ou comme celui-ci la douleur et son esprit embrouillé le mettent dans un état impulsif et incontrôlable. Il semblerait que les manipulations pour débloquer ses capacités physiques brutes aient aussi chamboulé le contrôle de ses émotions fortes. Ou peut-être a-t-il toujours été très impulsif et prompt à la colère. Ça, seul ses anciennes connaissances qu'il a oublié pourraient faire la comparaison. Alors qu'il redressait la tête, son regard acier prenant contact avec celui dépareiller de l'agente, il sentit une nouvelle fois cette profonde sensation. Mais une nouvelle fois ça restait quelque chose d'indescriptible. Il nia totalement cette sensation et se concentra sur ce sourire qui lui donna subitement envis d'écraser son poing sur sa jolie petite face. Ce n'est certainement pas ces barreaux qui pourraient l'en empêcher.
-On m'avait pas menti. T’as l’air d’un emmerdeur de première.
Ce fut à son tour d'esquisser un sourire fier et arrogant. Un sourire un peu crispé par son corps encore engourdi. Emmerdeur pour lui est devenu un compliment. Et savoir qu'il l'emmerde déjà lui fait bien plaisir. Et on peux décelé sans même creuser un peu, de l’amusement dans son regard. Parce qu'enfin, il tombe sur une personne qui lui tien tête sans avoir besoin d'armes ou de calmants comme menaces. Les sens de Matthew se concentrent à présent sur les pas qui se rapprochent de la case. Il peut reconnaître aisément les gardiens de cette zone. Un sourire mesquin se dessine sur ses lèvres sans que quiconque ne le voie. Il méprise tellement ces deux hommes, bêtes et méchants. Combien de fois l'ont-il menacé de leurs armes lorsqu'il se montrait trop belliqueux ? Ils ne présentent devant lui que parce qu'ils ont le pouvoir nécessaire entre leurs mains pour le réduire au silence. Sans les voir, il peut, or et déjà les imaginer, flingues à la main et crispés sur la détente. Voyons voir comment se débrouille cette femme avec eux ?
-Au lieu de faire les idiots, ouvrez moi cette cellule. J’ai à lui parler -Tu plaisantes, j’espère ? Tu peux très bien le faire à travers les barreaux,
Matthew ne bougeait pas de son mur, mais ne perdait pas une seule miette de la conversation a l'autre bout de sa prison.
- T’as pas l’air d’être consciente du cas de cette bestiole, R-626. Ce truc est pire qu’un monstre. Si on le relâche, il serait capable de nous massacrer.
Bestiole, monstre. Cela arracha un rictus ironique au cobaye bien habitué à ces appellations. Parfois il joue lui-même sur la réputation qu'il s'est fait au sein d'Aurora. Un monstre incontrôlable pouvant brisé tout ce qu'il touche. Le rire féminin qu'il entendit provenait de cette femme. Il attira l'attention particulière de Matthew et ce sentiment de déjà-vu.
- J’adore votre sens de l’humour. C’est très fin. En attendant, monsieur, je ne pense pas qu’il vous arrive à la cheville en matière de monstruosité. Lui ou n’importe quel autre Cobaye. Vous allez m’ouvrir cette case à la con, oui ou non ? …. Vous devriez ranger votre arme. Vous risquez de vous blesser, vous savez. Ce ne serait pas très sympa de tirer sur un Agent Gouvernemental.
il écoutait toujours la conversation et comprenait sans peine ce qui se passait. Sa visite est donc un agent du gouvernement. A présent curieux et amusé, il attendait la suite. Un agent ça changeait certaines choses. Elle était un cobaye accompli, elle était comme lui avec la seule différence qu'elle ait été jugée parfaite. Ce qui l'énervait un peu plus puisqu'elle se permettait une certaine arrogance qu'il se réservait.
-Je ne fais qu’obéir aux ordres. On m’a chargé de l’encadrement de Matthew Hussey, j’ai toutes les autorisations nécessaires pour le faire sortir de son bloc. Alors au lieu de me casser les pieds et me faire perdre mon temps, vous feriez mieux de me croire et de m’ouvrir sa cellule. Si j’ai été chargée de sa surveillance, ce n’est pas pour rien.
Ses yeux scintillèrent d'impatience. Il allait vraiment sortir. C'était les ordres, aussi stupides et inconscients soient-ils. Il allait pouvoir se dégourdir les jambes, se mouvoir et surtout... Fuir cette brume. La voilà, la sortie qu'il attendait. Il allait pouvoir fuir son esprit en ébullition de trop tourner en rond. Cette case, trop petite est étouffante surtout pour un homme aussi libre qu'avait toujours été Matthew qui commençait à trouver du réconfort aux panels de tests qui lui permettaient de voir un autre décor même si ce n'était que les locaux d'Aurora. Mais cette fois, on le libérait, il ne savait pour qu'elle raison, mais au fond, il s'en fichait. Le seul bémol ? Il allait être surveillé par cet agent qu'il ne pouvait déjà pas blairer au premier contact.
-Tu peux ouvrir de toi-même. S’il te saute à la gorge, ce ne sera pas bien grave.
Oh non, il faudrait éviter de lui donner des idées qu'il pourrait regretter. Elle lui offre une liberté même précaire, il devrait être reconnaissant non ? Toujours assis sur le sol et contre son mur froid, Matthew attendait avec une impatience à peine contenue qu'elle daigne enfin ouvrir cette fichue porte. Il la regarda ouvrir le verrou et taper le code qui allait désactiver la sécurité. La porte s'ouvrit enfin jusqu'à ce qu'elle rencontre le lit retourné par ses soins. Il ne fit pas un geste pour l'aider, la laissant se démerder pour ouvrir suffisamment la porte. Le lit fut poussé dans un crissement désagréable contre le sol et jusqu'à lui. Il regarda le lit spartiate dont les endroits qu'il avait saisis se trouvait tordus ou enfoncés, prouvant que sa force n'était pas contrôlée. La porte grande ouverte vers la liberté, il y avait pourtant encore un obstacle. R- 626 de ce qu'il avait pu entendre. Il hésitait encore entre reconnaissances ou...
Bon, gamin. J’ai une triste nouvelle à t’annoncer.
Okay. Pas de pitié. Il va effacer ce sourire moqueur de son visage et lui faire ravaler cette appellation.
- On m’a désignée contre mon gré pour ton encadrement global, puisque personne ne voulait de toi. En tant que tel, je serais le principal Agent Gouvernemental à te guider et à te surveiller lors de tes prochaines missions de terrain. Je m’occuperais également des rapports de toute évolution te concernant, jusqu’à ce que tes manipulations génétiques se stabilisent.
Donc il va être envoyé en mission.. c'est la décision des gros bonnets. Une décision qu'il ne dénigre pas, et même qu'il accepte avec une certaine excitation. Une excitation qui se tarira bien vite lorsqu'il se rendra compte de quoi sont faites ces missions. Encore bien nouveau dans son nouveau monde cruel, il ne se doute pas encore que sa seule chance de survie soit de prendre la vie d'autrui. Un prix bien énorme, mais qu'il payera, déterminé et résigné à rester en vie. Mais pour l'instant, son esprit est centré sur cette perspective d'avenir hors de sa case. Mais avant d'accepter cela, il y a une chose qu'il doit faire. Remettre en place cette arrogante Agent du gouvernement.
Enfin, il se leva avec un sourire carnassier digne de la description de monstre ou de bestiole dont on lui fait éloge. Le regard scintillant, dangereux, fixer sur la personne qu'il ne respecte ni n'apprécie pas… Ou pas encore du moins.
- Les personnes qui ne veulent pas de moi son au moins plus sain d'esprit que tu ne l'es ! Tu aurais dû suivre les conseils de ces cons de gardes ! Tu penses pouvoir me contrôler comme ça ? okay t'sais quoi ? j'aurais put t'accompagner mais en fait .. je t'aime pas ! et j'ai deux trois sourires arrogants à enlever de ton joli minois !
mais tout ça il préférait le lui faire comprendre du bout de son poing. La porte grande ouverte et rien pour le retenir, il s'avanca dangereusement vers son nouveau supérieur, craquant quelques phalanges entre ses poings. Il s'élança vers elle, sortant de la cage en une grande enjambée et c'est ainsi qu'une course-poursuite endiablé débuta entre eux, Matthew sur les talons de Rhyme poussant tout ce qui pourrait se dresser sur son chemin, chariots, matériels, scientifiques ou cobaye, il défonçait tout ce que Rhyme elle, évitait avec une agilité hors du commun.
Heureusement qu’elle avait eu de la marge. Parce que sinon, elle serait aplatie au sol depuis longtemps. Elle aurait voulu lui répondre. Mais là, la seule chose que Rhyme faisait, c’était d’esquiver le moindre obstacle qui se trouvait dans son chemin. Que ce soit un humain ou du matériel scientifiques, Rhyme esquivait là ou Matthew se contentait de tout dégager pour pouvoir passer. Ça avait au moins le mérite d’être efficace et rapide. Lorsque Rhyme passa en trombe près des deux gardes qui l’avaient importuné, talonnée par Matthew, elle leur adressa un petit signe de main en réponse à leur expression éberluée.
- Je vous le ramène plus tard.
Sur ce, Rhyme s’échappa du bloc des Cobayes à toute vitesse. Après avoir évité les quelques Scientifiques qui peuplaient le couloir principal, Rhyme tourna la tête en direction de Matthew. Remarquant au passage qu’il venait de dégager plusieurs Scientifiques et Cobayes de son passage.
- Dis donc, t’es pas rapide. Tu devrais perdre du poids, ça irait peut-être mieux.
Sur ces mots, elle préféra accélérer la cadence pour s’assurer une marge de sécurité, ne pouvant s’empêcher de ricaner en voyant le sourire qui barrait le visage de Matthew. Il ne plaisantait pas. Vraiment pas. Et si il arrivait à lui mettre la main dessus, nul doute que Rhyme passerait un sale quart d’heure. Elle réfléchissait à toute allure afin de trouver un endroit potentiel ou coincer ce Cobaye trop caractériel à son goût. Parce que bon. C’était bien joli toute cette histoire, mais Rhyme avait autre chose à foutre. Et elle n’avait aucune chance face à un Cobaye avec un potentiel offensif aussi développé. Elle dérapa à toute allure à la fin du couloir avant de braquer vers la droite et de continuer sa lancée. Elle observa son environnement, cherchant une potentielle idée pour stopper la course de Matthew. Rhyme s’enfonçait de plus en plus dans les couloirs d’Aurora Corporation, à tel point qu’ils croisaient de moins en moins de monde - et de moins en moins de matériel.
En passant à proximité d’un poteau, la jeune femme eut une illumination. Elle s’agrippa à ce dernier pour stopper brusquement sa course, se plaça devant en faisant face à Matthew. Désormais, ils se trouvaient dans une impasse. Et c’était à quelque part voulu. Rhyme balança le dossier dans un coin avant de relever les poings et de se mettre à sautiller à la manière d’un boxer. Un réflexe idiot qu’elle faisait depuis qu’elle était gamine, et qu’elle n’avait jamais perdu. Pas même lors de son entrée à Aurora Corporation.
- Au fait...
Au final, Matthew était rapide quand il était motivé.
- Le joli minois t’emmerde. Tu apprendras rapidement que je ne suis pas saine d’esprit.
Encore quelques mètres.
- Oh et, je te rassure... Je t’aime pas non plus. J’ai pas la gueule de l’emploi.
Le tout dit dans un grand sourire ravi. Lorsque Matthew fut à portée de main, Rhyme s’écarta brusquement et se mit sur le côté. Désormais, le Cobaye n’avait plus qu’une chose à frapper : ce pilier devant lequel Rhyme se tenait précédemment. Un pillier qui risquait de heurter sa figure, si l’angle de frappe était favorable à cette conséquence. La jeune femme, en position d’attaque, ne put s’empêcher d’observer les gestes du Cobaye. Intérieurement, elle pria pour que ce pilier lui tombe sur la tronche. Et le calme au passage.
Sur leur passage, soit ils avaient le réflexe de se pousser ou bien il se faisait allègrement bousculer par un - boulet de canon – cobaye lancer à pleine vitesse et désireux de rattraper cette anguille qui se faufile avec facilité là ou lui il doit forcer le passage. Il pouvait entendre leurs cris de protestation, leur insultes ou même leurs ordres de s'arrêter. Mais Matthew était têtu en chasse, il n'avait qu'un objectif et ne s’arrêterait que lorsqu'il l'aurait atteint. Les deux gardes qui avaient repris leurs rondes vires Rhyme passer en trombe a coté d'eux, suivi de près par Matthew, il se stoppèrent tout deux choquer et incrédule. Bah après tout ne l’avait-elle pas prévenu ? Quant à Matthew, il passa son chemin sans même leur daigner une once d'attention.
Arrivés à l'extérieur du bloc des cobayes, Matthew fut ralenti par plusieurs gêneurs qu'il mit quelques secondes à dégager pour se frayer un chemin, agacé de perdre du terrain d'autant plus l'agent en profita pour mettre de l'huile sur le feu.
- Dis donc, t’es pas rapide. Tu devrais perdre du poids, ça irait peut-être mieux.
On pourrait presque voir cette veine palpitante sur son front alors qu'il grommelle des insultes à son intention, il la vit accélérer et fit de même, pour essayer de rattraper son retard. Toujours dans l'intention de lui mouler son poing dans la face, il se surprit tout de même à ressentir plus d'amusement, comme à un jeu de chat et de la souris, qu'une véritable envi de la massacrer. Bien sûr s'il arrive à la chopper, il ne se gênera certainement pas pour lui en coller une. Il souriait même ! Un sourire carnassier, un sourire de prédateur en somme. Ils avaient traversé une bonne partie de la corporation, sous le regard ahuri du personnel. Parce que oui, ils ont beau avoir vu tant de choses pendant leurs travaux, celle-là s'est une première. « Un cobaye qui pourchasse un agent » ça fera le tour des machines à café et des potins au moins les blouses blanches auront de quoi alimenter leurs discussions pendant la pause. Soudainement, Rhyme tourna sur la droite dans un joli dérapage contrôlée. Lancé à pleine vitesse, Matthew, agile, mais pas trop dans ces conditions ou sa force à quasiment sa propre volonté, il n'eut d'autre choix que de se stopper avec ses mains et de se repousser pour rebondir et continuer sa course dans la bonne direction. Il ne vit pas qu'il laissa deux belles traces de main dans le mur et tout deux s’enfoncèrent un peu plus profondément dans les locaux d'Aurora et pour le plus grand plaisir de Matthew plus rien ne se dressait entre lui et sa cible.
La jeune femme avait pris pas mal d'avance et il devait l'avouer, il avait un peu de mal à tenir la distance. Il râlerait bien en accusant la douleur sourde de son corps entier, mais l'adrénaline l'avait rendu totalement insensible à cette dernière pendant sa course. Il ne voulait pas admettre qu'elle était simplement plus rapide. Et puis enfin, elle s'arrêta et lui fit face. Ha ! Elle en a assez de courir ? Tant mieux, car lui aussi, ça commençait légèrement à le gaver cette course-poursuite. Et puis son sourire s'accentua lorsqu'il la vit se mettre en position de combat. Mais ses yeux s’agrandirent un instant de stupeur lorsqu'il eut comme un rapide flash blanc, comme si son esprit voulait lui faire signe, comme s'il avait voulu lui montrer quelque chose. Il secoua la tête et reprit son regard de chasseur alors qu'il approchait à grande vitesse. Très motivé dans cette dernière ligne droite.
- Au fait...
encore quelques mètres
- Le joli minois t’emmerde. Tu apprendras rapidement que je ne suis pas saine d’esprit.
Oh ça il l'avait bien compris. Le provoquer et en plus penser pouvoir lutter au corps à corps contre lui, folle et stupide !
- Oh et, je te rassure... Je t’aime pas non plus. J’ai pas la gueule de l’emploi.
Il arrivait tout près encore quelques pas, il se permit de répondre avant de levé le bras en arrière préparant un coup violent.
-alors on est d'accord sur ce point !
Arrivé juste devant elle, il balança son poing en avant, visant ce grand sourire, quand celui-ci ainsi que Rhyme disparurent de son champ de vision. Il écarquilla les yeux alors qu'il ne pouvait pas stopper son geste et bien trop concentré sur l'agent, il vit enfin le gros pilier dans lequel s'encastra violemment son poing. Les morceaux de bitumes volèrent en éclats, la force gigantesque traversant le pilier comme un mur en carton. La peau de sa main se déchira en de nombreuses blessures, encore bien fragiles contrairement au reste de son corps, mais ce n'est pas ce qui inquiéta Matthew qui sur le coup ne ressentait pas encore la cuisante douleur de la chair à vif, mais les yeux écarquillés, le danger criant dans son esprit, il eut juste le temps de voir la masse lourde se briser en deux et s'écraser de tout son poids sur lui. Il voulut se protéger avec son bras, mais surpris et déséquilibrer, il ne dosa de nouveau pas sa force et ne fit que faire exploser le pilier en morceaux qui rencontrèrent sa tête et le fit tomber au sol, l’enterrant vivant sous le vestige de béton.
Assommé, blessé, mais bien vivant, on peut dire que ça là bien refroidit. Sa petite inconscience ne dura que quelques petites minutes et il se demanda un instant ce qu'il faisait sous un tas de gravats avant de forcer pour s'en extraire. Une main, tout d'abord, sortit des gravas, puis ce fut un bras et ensuite lui-même alors qu'il se redressait parmi le pilier détruit, une main sur son front qui saignait. Il aurait certainement une belle bosse. Ses ardeurs calmées, il leva son regard vers l'agent qui l'avait bien eue. Il la regarda la mine renfrogner.
t'es une vraie vipère et une anguille ! C'était un sale coup c'que tu viens de faire !
Puis un sourire un peu plus doux que les précédent s'afficha sur ses lèvres et il dit avec résignation.
mais je suppose que tu m'a battu... Alors okay... je m'avoue vaincu. En quoi consiste ces missions ?
Matthew se leva et épousseta les habits de laboratoire, ces haillons hideux qui pourtant étais la seule chose qu'il possédait dans cet endroit, puisque même son corps et son âme appartenaient à Aurora. Il soupira, son crâne le lançant à l'endroit ou le pilier l'avait frappé. Pourquoi accepter si soudainement l'autorité de Rhyme ? Peut-être parce que tout ça lui a permis de constater qu'elle était bien mieux que tous ces autres gars. Folle, arrogante et peut-être pas très saine d'esprit, mais il y a quelque chose... Oui, un petit quelque chose qui lui plaît, qui attire sa curiosité et son intérêt. Et dans un coin de sa tête, il n'oubliera pas qu'il l'a défendu contre les gardiens, quand bien même il n'en avait pas besoin. Elle ne le considérait pas comme un monstre incontrôlable. Un cobaye que l'on gardait simplement pour ses grandes facultés et sa résistance. Peut-être pourrait-il être plus s'il l'accompagnait dans ces missions ? C'est ce qu'il pensait alors qu'il lui dit qu'il abandonnait la partie.
-c'est quoi ton nom. R-626 ?
Ne connaissant malheureusement pas son nom, il ne put qu'utiliser son nom de code pour s'adresser à elle, mais ca lui arracha une légère grimace. Il détestait ces noms qu'on leur avait imposés et qui leur enlevaient un peu plus de leur humanité.
Ravie de l’effet voulu, Rhyme s’approcha de Matthew en souriant. Elle lui laissa le temps de reprendre ses esprits, tout en écoutant d’une oreille sa question. Son regard s’était accroché aux blessures qui zébraient le poing du Cobaye. Elle haussa un sourcil, et releva son regard en direction de Matthew, vaguement curieuse. Soit il avait de la chance, soit il était réellement prometteur, comme l’avait dit son Supérieur précédemment. Avec une telle force, sa peau aurait pu se déchirer depuis longtemps, s’il n’avait été qu’un simple Cobaye.
Mais ce n’était pas le cas. Pour éviter que Matthew ne remarque sa vague curiosité, Rhyme finit par s’approcher de lui. Elle lui adressa un sourire moqueur, mains sur les hanches.
- Et alors ? Je ne suis pas un Cobaye Offensif, moi. C’était un sale coup dès le départ, gamin.
Le gamin sonnait un peu plus doux, malgré le ton habituellement rêche de Rhyme. Un petit rire s’échappa d’entre ses lèvres.
- De toute façon, c’est pas un pilier à la con qui t’aurais tué.
C’est vrai qu’elle avait eu une vague crainte qu’il se blesse grièvement, et ce dès le départ. Une crainte qu’elle avait balayé du revers de la main. Pourquoi s’inquiéter ? Elle ne le connaissait même pas. Rhyme ramassa le dossier du Cobaye qui trainait à même le sol, avant de le glisser sous son bras. Elle s’avança, et croisa les prunelles de Matthew qui lui collèrent une désagréable impression de déjà vu.
- L’assassinat, déclara-t-elle, les sourcils froncés, en réponse à la question de Matthew.
Mécaniquement, Rhyme glissa sa main dans la poche de sa chemise, à la recherche d’une potentielle cigarette. Elle en avait terriblement besoin à l’instant.
- Je sais, c’est cruel. C’est pas le job le plus joyeux qu’on t’ai refilé. Mais bon, c’est la règle universelle. Tu obéis, tu survis. Tu sors de la ligne conductrice, tu crèves. Même si tu accomplis des horreurs. Suffit de se dire que c’est pas de ta faute, et tu pourras continuer à avancer sans regarder derrière toi.
C’est la faute de ceux qui te prennent pour un corps sans âme. Ouais, Rhyme adorait donner de « bons » conseils de temps en temps. Vu l’air qu’elle arborait, elle savait pertinemment que Matthew en était déjà conscient. Parfois, il était si facile de lire le visage de Rhyme, au défaut d’interpréter son regard et ses sourires. C’était la porte grande ouverte sur son intérieur. Puisqu’elle considérait depuis longtemps qu’elle n’avait plus d’âme. Et puis, Matthew n’avait pas l’air stupide. Ce n’était pas le monstre dont on murmurait le nom avec une horreur non-feinte. On souhaitait qu’il le soit, et seuls les crétins buvaient les paroles des Scientifiques. Rhyme n’avait pas peur de sa carrure, puisqu’elle s’était amusée à prendre une pose de combat idiote. De toute façon, elle n’avait peur de rien - hormis d’être à court de cigarettes.
Elle secoua légèrement la tête pour couper court au fil de ses pensées, et ajouta d’un ton léger, pour dédramatiser la situation :
- Vu tes facultés, ils allaient pas te foutre à un poste de femme de ménage.
Silence. Elle le regarda de la tête aux pieds, avant de lui adresser un sourire désinvolte.
- Quoique... Ça équivaut presque...
Au final, il était vrai que servir d’Exécuteur pour le Gouvernement revenait à être leur bonne. Fais le ménage parmi les dilettants, nettoie la saleté, et le monde ne pourra que mieux respirer. Ravie d’avoir trouvé une cigarette au fin fond de sa poche, Rhyme la glissa entre ses lèvres, avant de farfouiller dans la poche de son jean noir pour trouver un briquet. On n’avait pas le droit de fumer dans les locaux de Aurora Corporation ? Qu’est-ce-qu’elle en avait à foutre, après tout.
- Bien. A partir de maintenant, tu es un Exécuteur du Gouvernement. Tes manipulations génétiques vont continuer, mais tu pourras sortir des locaux de Aurora beaucoup plus souvent. En général, on fera appel à moi pour ‘t’accompagner’. Si je suis occupée, tu seras affiliée à un autre Agent. Et dans le ‘pire’ des cas, tu sortiras seul. Mais tu seras surveillé. J’pense que t’en es conscient.
C’était beau, d’accorder une once de liberté hypocrite à ce point. Réservant le meilleur pour la fin, Rhyme maintint le regard du nouveau Exécuteur en souriant. Sa légère grimace ne lui avait pas échappé, lorsqu’il avait prononcé le numéro de code de Rhyme. A moins qu’elle ne l’ait mal interprété.
- Rhyme. Rhyme West.
Drôle de façon de faire connaissance.
- On se serre pas la main, je tiens à ma patte. Et puis, je te fais pas confiance. Tu pourrais avoir envie de me la broyer pour te venger.
Foutu briquet qu’elle ne trouvait toujours pas.
- Et toi ? demanda-t-elle brusquement. T’as bien un nom ? Hormis ton stupide numéro d’identification ?
Rhyme avait bien évidemment lu son nom, sur le dossier qu’elle tenait entre son bras et son corps. Mais à ses yeux, ça ne comptait pas. Pas tant que Matthew ne le lui disait pas de vive voix. Et de son plein gré.
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